Pour ceux qui auraient mal lu ou mal compris, le blog de Kousk Eol a déménagé...
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A bientôt!
Le valeureux équipage
Note: http://kouskeol.over-blog.com/ ne sera plus mis à jour!
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Version 2: quelques corrections/additions sur le trajet...
Pour refaire le trajet de Kousk Eol entre Toulon et Puerto Montt...
Kousk Eol de Toulon à Puerto Montt
Il faudra sans doute cliquer 2 fois sur le fichier une fois téléchargé pour activer Google Earth.
Bonne navigation! Et pensez à mettre le chauffage en arrivant aux mouillages...
Toulon-Puerto Montt : fichier KML pour Google Earth (v2)
Ben oui, pas d'article depuis quelque temps: l'équipage de Kousk Eol, c'est un peu gonflé, s'est octroyé un petit break pour visiter le Chili par air et par terre... Atacama, région des lacs, Rapa Nui, Santiago, Chiloe, Valparaiso...
Le Chili, ce n'est pas que beau en bateau (une autre à 10 balles pour Raph et MarieJo)!
Voici plus d'un mois que nous sommes partis de Punta Arenas, et deux mois que nous sommes arrivés en Terre de Feu à Puerto Williams... Puerto Montt marquera la fin de notre navigation dans les canaux de Patagonie: magnifique aboutissement d'une première étape de ce voyage
15 Avril 2014- Journée de repos à Castro, sur l'île de Chiloe. Et première douche depuis 10 jours... Parillada et saumon au menu des repas: ça nous change un peu des pâte et du riz de ces derniers jours! Beau soleil toute la journée, sauf évidemment au moment de rentrer au bateau: pluie qu'on aurait pu qualifier de vivifiante s'il n'était plus de 22h, que la marée était basse et donc qu'il a fallu porter l'annexe (et son moteur) dans une espèce de vase détrempée et finir dégoulinants en arrivant à bord... La voile, ça vous forge un caractère!
16 Avril 2014- Nous quittons Castro sous un ciel nuageux et une température nettement plus polaire que la journée d'hier. Les lagénorhynques en combinaison noire et blanche nous accompagnent, plongeant sous le bateau ou accélérant pour sauter à la proue.
La météo nous avait prévenus: ça allait secouer! Eh bien, ça a secoué... Encore une fois plus de 30 nds dans le nez, et en bien sûr encore de la mer dure. Et bien sûr, il fait froid. Vous n'en n'avez pas marre, vous, qu'on vous rabâche toujours la même histoire?
Pour pimenter un peu, les instruments ont décidé qu'eux aussi en avaient marre: plus rien... Diagnostic rapide: le fusible d'alimentation des répétiteurs a grillé. C'est bien le seul à avoir eu chaud! Pas grave, comme on est organisé, on a des fusibles de rechange. On ne nous la fait pas, à nous. Et hop, fusible changé! Et hop, fusible re-grillé... Plus grave que prévu, cette fois. Ah, puis tiens, aussi la tablette avec les cartes Navionics... Ah ben ça alors! Aurait-on manqué de respect à Neptune, à l'insu de notre plein gré?
On finit la navigation avec le GPS de rechange sur le PC de rechange et avec le sondeur de rechange, mais toujours le même équipage. Et on arrive à la Caleta Mechuque vers 19h, avant la nuit. Ce soir, le ti-punch sera vraiment mérité!
Nuit assez tranquille malgré le passage de grains qui font tourner le bateau sur son ancre. Et le matin, au moment de partir, l'ancre refuse de remonter... Rien à faire: blocage costaud.
DD, n'écoutant que son courage, s'équipe et plonge: la chaîne s'est enroulée autour d'un bloc abandonné qui a servi d'ancrage à des corps-morts! Elle est vite dégagée et on quitte enfin la Caleta Mechuque, sous l'oeil attentif d'un lion de mer.
Et cette fois, promis! Je ne vous raconterai pas encore une fois qu'on a pris 3 ris dans la grand-voile et seulement mis ½ trinquette, ni qu'il y avait des grains et du vent, dans le nez bien sur, ni qu'il y avait de la mer. Ni qu'on n'avait pas chaud: ça va de soi.
Je vous dirai juste qu'on est tout de même arrivé à Puerto Quemchi, où pour la première fois nous avons pu nous amarrer à une bouée: quel bonheur! Pas de *»&@*$ d'ancre à mouiller, ou de ligne à tirer à terre...
A Quemchi, bien sûr, on va à l'Armada donner nos intentions de navigation pour les prochains jours, comme d'hab. Sauf que là, le marin de garde nous demande « Mais qu 'est-ce que vous venez faire ici? Il n'y a rien... Rien à a voir, rien à a faire... C'est un trou! ». Ah bon? C'est quand même le pays de Francisco Coloane, non? Oui, mais il n'est plus là... Et il nous indique tout de même un restaurant. « El Chejo ». Ça ne paie pas de mine, mais c'est le seul restau ouvert du coin. Et alors là, l'enchantement: excellentes empanadas de marisco, saumon à la plancha exquis, vin chilien largement plus qu'honorable. Tout ça n'est rien sans l'accueil de Don Chejo lui-même en personne, qui passe pratiquement toute la soirée avec nous, nous faisant visiter la cuisine, nous vantant la qualité de vie sur Chiloe, …
18 Avril: il faut y aller! Aujourd'hui, nous traversons le Golfe d'Ancud vers l'Est pour rejoindre la côte continentale, vers l'île de Llancahué où se trouvent des sources d'eau chaude. Une quarantaine de milles. Le temps est plus clément: on voit du ciel bleu et le soleil fait des tentatives méritantes pour se montrer.
Du coup, la terrasse de Kousk Eol est de nouveau investie, avec ses flâneurs, ses artistes...
Et nous arrivons au fond de la Caleta Andrade en fin d'après-midi, sous un beau ciel bleu. La caleta est encombrée d'élevages de cholgas et autres huîtres, avec toujours des otaries affalées sur les bouées d'ancrage de ces élevages. Quand je pense qu'on nous racontait, enfants, qu'il fallait être un sacré bon dresseur pour arriver à faire monter une otarie sur un ballon! Alors qu'elles font bien plus dur en cachette et toutes seules...
Ce matin, c'est un martin-pêcheur qui vient vérifier si le gréement est en état, pendant qu'une épave de bus nous refait le coup de « Into the wild »... On se demande comment elle est arrivée jusqu'ici!
Et il ne faut pas traîner! Une rude journée nous attend: au moins 2 milles avant de mouiller devant la Caleta Los Baños, où on nous promet une piscine d'eau chaude naturelle, avec le volcan Hornopiren juste en face...
Promesse tenue: l'eau était bien chaude!
Et pour notre dernier mouillage avant Puerto Montt, ce sera la Caleta Zapatero, refuge de pêcheurs dont certains habitent des maisons flottantes. Ils nous accueillent à couple de leur ponton flottant.
Et puis il faut y aller: dimanche 20 Avril au matin, nous entamons la dernière étape patagonienne... Remontée vers le Nord et traversée du Seno Reloncavi, sous la pluie (mais on a dit qu'on n'en parlerait plus). Et arrivée à la Marina Oxxean, devant le port de Puerto Montt en fin d'après-midi.
Puerto Montt
Petit pincement au cœur: la Patagonie est maintenant derrière nous... Deux mois passés dans ses paysages extraordinaires, qui avaient largement capté notre imagination bien avant de partir, et dont la réalité est encore plus magique. Puerto Montt marque la fin de la première grosse étape du périple de Kousk Eol, la partie Atlantique et Grand Sud.
Les problèmes de quille et les interrogations sur la suite du voyage alors que nous ne voyions pas la fin des réparations ne sont plus qu'un souvenir qui nous a finalement permis de riches rencontres et que nous évoquons maintenant en souriant. Impossible d'oublier le support que nous avons eu du chantier Wauquiez (merci encore Wim!) pour assurer que la réparation soit faite dans les règles. Ni le travail de pro de Fikky: « Pas mal! », avec Diego et Horacio, dans la bonne humeur.
La persévérance a payé: nous avons finalement pu aller jusqu'au bout de notre projet, peut-être en traînant un peu moins que prévu, mais il fallait tenir compte de la saison. Rien pourtant n'était sûr en quittant Piriapolis il y a presque trois mois: nous rêvions toujours du Cap Horn, mais avec un peu de fatalisme. Et finalement, c'est un parcours très riche qui nous attendait...
Gros challenge pour les prochaines étapes: elles ont intérêt à être à la hauteur!
C'est aussi à Puerto Montt que nous rejoignent MarieJo et Cathy: petite pause de deux semaines pour se retrouver et faire une autre forme de tourisme ensembles.
C'est ici aussi que Sarah nous quitte, sans avoir réussi à nous faire aimer les navets et les concombres, mais en vraie experte de toutes les manœuvres à bord!
Juste quelques images de la ville de Castro...
Castro...
… et son très réputé port de plaisance, où de magifiques yachts viennent mouiller. On remarquera que même Pochon a une succursale ici (je suppose que « El Pochon » c'est « Pochon Electronique », non?).
On me suggère que "El Pochon" serait plutôt "Le Pochtron". Je ne peux y croire...
Cet article est complémentaire du précédent article abordant le sujet de la navigation sur Kousk Eol dans un contexte plus général (« Spécial MCV »).
Cet article se veut une modeste expression de la minuscule expérience que nous avons pu accumuler lors de notre périple de 1400 milles dans les canaux de Patagonie.
Le contenu de l'article qui suit, forcément incomplet, mais en toute modestie d'un intérêt incontestable et d'un potentiel d'enrichissement culturel indéniable, doublé d'une haute tenue à laquelle ce blog vous a continuellement habitué, risque néanmoins de provoquer des bâillements irrésistibles chez les lecteurs moins attirés par les aspects plus techniques liés à la navigation. La rédaction, consciente de ce fait, s'engage solennellement à publier dans un proche futur un article à portée plus générale. Pour l'instant on vous demande simplement de la fermer, et d'éventuellement sauter cet article sans faire de bruit pour ne pas déranger d'autres lecteurs moins rebutés.
Rappel géographique
La Patagonie, partagée entre le Sud de l'Argentine et le Sud du Chili, est un assemblage plutôt hétéroclite de montagnes, de lacs, d'îles et de canaux de tailles diverses, comme si l'architecte en chef avait un peu bâclé la construction du monde vers le bout et sur les bords.
Les îles ont en général des côtes abruptes, granitiques, et des sommets plus ou moins hauts et souvent très élancés et enneigés, jusqu'à 2400m pour les plus hauts de la Terre de Feu, et au delà pour la partie continentale. Les canaux, eux sont de largeur variable, allant de 2 à 3 milles de large, jusqu'à seulement 100 ou 200 mètres, avec des profondeurs pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres.
Pour ceux qui ont eu la chance de faire du tourisme dans les fjords norvégiens, c'est presque pareil sauf que c'est très très différent: on passe ici dans une autre dimension. Sans oublier que, dans une tentative louable de faciliter les communications, les Patagons, eux, parlent Espagnol... Sur Kousk Eol, nous avons admis que cela devait certainement être d'une aide appréciable pour ceux qui lisent Cervantès dans le texte. Comme ce n'est le cas ni du DD ni du Glaude, on a Nico et Sarah (qui ont vécu au Chili) à bord, car ni le Français ni l'Anglais ne sont d'une quelconque utilité ici...
Notre périple en Patagonie/Terre de Feu part du Détroit de Le Maire, et de l'embouchure du Canal de Beagle pour remonter vers Punta Arenas, et de là rejoindre Puerto Montt et Chiloe via le Canal de Magellan puis les canaux remontant vers le Nord.
Rappel météorologique
La météo du Sud de l'Amérique du Sud est largement conditionnée par la latitude et l'activité (diamètre et gradient de pression) des anticyclones du Pacifique Sud et de l'Atlantique Sud: ce sont eux qui forcent le train continu de dépressions navigant d'Ouest en Est à rester au Sud. Plus ces anticyclones sont au Sud (en été) et plus ils sont « actifs », et par conséquence moins le chenal disponible pour les dépressions est large, moins les dépressions ont de place, et plus les flux d'air sont violents (Merci M. Venturi!).
Les anticyclones étant plus actifs en été, descendant très au Sud, les coups de vents sont plus nombreux et plus violents à cette époque (et plus cléments en hiver): je ne vous ferai pas l'affront de vous rappeler que ça rugit à partir des 40°S pour hurler en-dessous...
Et donc, l'évolution est assez prévisible: d'abord du vent de NW en avant de la dépression, passant à l'Ouest pour finir SW avec son front froid (voir glacial), remontant de l'Antartique. N'oubliez pas qu'à cause de M. Coriolis, les dépressions s'enroulent dans le sens des aiguilles d'une montre ici, comme les anticyclones cheu nous.
D'ailleurs, entre parenthèses, ça n'a rien à voir, mais même la lune s'en mêle (ou s’emmêle?) dans le coin: le truc du premier ou dernier quartier qu'on apprend quand on est gamin, ben ça marche pas ici! Tout à l'envers que je vous dit!
Pour simplifier encore plus, les Patagons ont décidé de ne mettre en place que deux saisons: l'été, où les vents sont violents et où on se les gèle grave, et l'hiver, où les vents sont seulement forts et où on se les gèle encore plus grave.
Le Golfo de Penas semble être une sorte de barrière climatique, si on peut en juger par le nombre de couches de vêtements nécessaires au Sud et au Nord de cette zone.
Aperçu des moyens/ressources disponibles pour la navigation proprement dite
Heureusement pour lui, le marin moderne du 21e siècle dispose d'une vaste panoplie d'aides à la navigation:
Les systèmes électroniques d'aide à la navigation
La base en est le GPS, sur lequel s'appuient les divers outils logiciels de navigation.
Un des plus répandus et des moins agressifs pour la bourse (au singulier) du navigateur est OpenCPN, remarquable logiciel dit « libre » qui tourne sur un bête PC de base et se branche facilement sur le GPS du bord. OpenCPN est utilisé par une très grande majorité de navigateurs avec les cartes électroniques CM93. L'origine de ces dernières est très mystérieuse. On les trouve souvent sur les pontons bien entretenus, une fois tombées par dessus bord de voiliers compréhensifs1. C'est la solution certainement la moins coûteuse.
Navionics (pub gratuite) offre une alternative payante quoique peu onéreuse pour les versions tournant sur les tablettes type iPad ou Android: le gros avantage est à la fois de bénéficier de mises à jour régulières et d'avoir un système autonome (les tablettes intégrant en général un GPS).
Il existe une troisième alternative, pour ceux que les dépenses inutiles ne rebutent pas, qui est de s'équiper d'un système spécialisé et spécifique. Nous éviterons de parler de cette catégorie: les vendeurs et les équipes marketing des fabricants sauront mieux que nous vous convaincre de l'utilité d'une vision 3D en réalité augmentée et du contrôle du pilote avec un joystick bien au chaud dans le carré...
Et bien sûr, aucun navigateur ayant un minimum d'expérience ou de bon sens ne partira sans un jeu de cartes papier de la région visitée, avec un compas de relèvement!
Nous avons avec nous l'ensemble des cartes du Servicio Hidrográfico de la Armada de Chile.
Nous avons même à bord un sextant, qui est resté bien au chaud dans la boite pour l'instant...
1 Il est à noter que certains pays mettent à disposition gratuitement leurs cartes marines en version électronique. C'est en particulier le cas des USA et du Brésil.
Les moyens de communication
Actuellement, le système le plus répandu auprès des voileux s'appuie sur la constellation de satellites Iridium. Le système de base est un téléphone portable Iridium: un seul fabricant, Motorola, et le manque de concurrence se fait sentir aussi bien côté portefeuille que côté fonctionnalités/ergonomie. On peut envoyer et recevoir des SMS comme on le faisait à l'aube du GSM, et on peut connecter ce téléphone à un PC pour l'utiliser comme modem d'accès à Internet, à la vitesse moyenne faramineuse d'environ 1000 bits par seconde (une connexion de base avec une « box » Internet dépasse allègrement le milliard de bits par seconde pour un coût désespérément plus bas). Bon, j'arrête de râler: ça permet tout de même de rester en contact avec le reste du monde, et surtout ça permet de récupérer les fameux fichiers « grib » pour les prévisions météo.
L'alternative pour le navigateur est le système Inmarsat utilisé par la marine marchande dans tous les pays du monde. La version « de base » est le Mini-C, équivalent de l'Iridium en coût et fonctionnalités.
Bémol pour notre type de programme: Inmarsat s'appuie sur 4 satellites géostationnaires positionnés en gros au-dessus de l'équateur, et donc bas sur l'horizon aux latitudes un peu extrêmes. Quand en plus votre voilier se trouve dans un canal entre deux hautes falaises, le satellite a de grandes chances de ne pas être visible...
Une fois dans les canaux, un système à ne surtout pas négliger (comme ailleurs) est la VHF: l'Armada chilienne a des postes de surveillance en divers endroits, pas toujours à portée de VHF, et en veille permanente sur le canal 16. Ils se font un plaisir de vous communiquer sur demande les informations météo, quand ils ne le font pas régulièrement à heure fixe. Évidemment, une certaine pratique de l'Espagnol n'est pas forcément superflue...
Et compagnon de la VHF, l'AIS qui permet de se préparer lors de rencontre avec les rares cargos prenant les raccourcis pour passer d'un océan à l'autre.
Je ne parle même pas de la BLU, qui est une technologie qui date un peu. La BLU permet de communiquer avec les radio-amateurs de par le vaste monde, et aussi de recevoir des faxes météo, mais l'installation est loin d'être simple pour un non-spécialiste. Les développement en communication ne s'appuient plus sur la BLU.
Le Navtex est aussi une bonne solution pour récupérer les infos météo: nous n'en avions pas à bord, le temps ayant manqué pour l'installation.
Les voiles
Il les faut solides, bien sûr. Et il faut s'assurer qu'on peut les réduire ou les affaler rapidement en toute circonstances!
On a quand même réussi à utiliser notre Code D sur les canaux: monté sur emmagasineur, il se roule facilement et rapidement.
Nous voiles viennent de chez Delta Voile à Hyères (encore une pub gratuite!) où Jacques di Russo a été de très bon conseil.
Le moteur
Quand on a un voilier, on marche à la voile. C'est sûr! Mais quand on est dans les canaux de Patagonie, il faut pouvoir naviguer en toute circonstance, aussi bien lorsqu'il y a du vent que lorsqu'il n'y en a pas, et que le courant est contraire... Et les distances peuvent être grandes entre points de ravitaillement: non seulement il faut un bon moteur, mais il faut suffisamment de carburant. C'est pourquoi les voiliers dans le coin arborent des bidons peu esthétiques arrimés dans les filières ou les balcons.
Notre réservoir fait environ 180l, et nous avons l'équivalent en bidons, ce qui nous assure environ 100-120h heures d'autonomie, à raison de 3 l/h de consommation, pour une vitesse proche de 6 nds. Ce n'est pas énorme, mais nous n'avons jamais été coincés. En partie parce que nous naviguions à la voile dès que les conditions le permettaient.
Un soucis constant vient des laminaires et du goémon: leurs tiges peuvent atteindre plusieurs mètres et s'enroule régulièrement autour du safran et de l'hélice, surtout lors des approches pour les mouillages. En général une ou deux marches arrière, en accélérant pendant 2 ou 3 secondes, permettent de nettoyer les deux.
Nous avons aussi vu la prise d'eau de mer du moteur bouchée par des algues: le bruit du moteur change brutalement (échappement plus sourd) et la pompe n'éjecte plus d'eau. Nous avons réglé le problème en adaptant un bout de tuyau dans l'arrivée du filtre à eau de mer, en défaisant le couvercle de ce dernier et en enfilant le tuyau dans l'arrivée d'eau. En général, il suffit de souffler un bon coup et le problème disparaît.
Nous avons pu refaire le plein de gas-oil à Puerto Eden, en négociant avec un pêcheur: il n'y a pas de pompes dans ces coins reculés... Le tarif est évidemment plus élevé qu'à Puerto Williams ou Punta Arenas, d'environ 40%. Il faut faire un peu attention aux saletés: le gas-oil est de bonne qualité, mais gardé dans des bidons pas toujours très propres, avec de l'eau et des dépôts. En général, une bonne décantation et un filtrage suffisent.
L'énergie
Comme vous le savez déjà, Kousk Eol est équipé de panneaux solaires et d'une éolienne, capables de délivrer chacun jusqu'à 20A de courant de charge.
L'expérience que nous avons accumulée jusqu'à ce jour nous conforte dans le fait que nous avons fait un bon choix: quand les panneaux se mettent en grève (ça arrive souvent en Patagonie), l'éolienne prend le relais. Le vent n'est pas une ressource rare dans le coin! Et depuis notre départ, nous n'avons eu à utiliser l'alternateur du moteur que de très rares heures, avec deux PCs et une tablette connectés en permanence, et une chasse au gaspi très « light ».
Et nous avons un moniteur de batteries BM-1 de chez Nasa (re-pub gratuite!): essentiel pour suivre sa consommation et l'état de ses batteries en temps réel, et éviter toute surprise.
Le gaz
On nous avait prédit des problèmes en partant avec les bouteilles Camping Gaz. En fait, nous avons toujours pu les faire recharger et n'avons jamais eu à nous restreindre.
Nous avons 5 bouteilles de 3Kg à bord.
Le sondeur
Incontournable! Essentiel pour les approches des mouillages. Nous en avons même un 2e à bord qui « voit » devant le bateau.
Notre sondeur principal, d'origine, a montré des faiblesses, apparemment quand les eaux étaient au plus froid, affichant « Lost echo » même par moins de 20m de fond!
Et pas question de voir les fonds: les eaux dans les fjords sont très sombres et opaques.
Petit phénomène intéressant: avec les courants dans les canaux, à différentes profondeurs, entre eau douce très froide et eau salée un peu moins froide, il se crée des couches de densités différentes engendrant des réflexion perturbant le bon fonctionnement du sondeur, qui peut arriver à indiquer moins de 10m dans des zones de plusieurs 100e de mètres de profondeur... Surprenant la première fois!
Le radar
Bien que nous ne nous en soyons servi que très peu de fois, il est rassurant de savoir qu'on a un « œil » qui voit par brouillard (ou par nuit noire, mais en général on ne navigue pas de nuit dans les canaux secondaires). Voire par brouillard et nuit noire, comme nous l'avons fait en traversant le Golfo Corcovado: nous n'avons jamais vu les feux sur la côte ou les îles, ni les bateaux même âssant à moins de 1/2 mille!
Les compléments des cartes: les guides de navigation/mouillages
Pour la Patagonie, il n'y en a pas pléthore... Le plus connu et de loin le plus complet et documenté est le guide « Patagonia & Tierra de Fuego », de Mariolina et Giorgio Ardrizzi. C'est la bible du coin. Elle est décriée par certains navigateurs comme tuant l'esprit d'aventure.
Les plus critiques à son égard semblent être les charters, qui passent plusieurs mois par an sur place et connaissent parfaitement le coin: c'est vrai que quand ils emmènent des clients dans ces coins magnifiques pour quelques jours, depuis Puerto Williams ou Ushuaïa, ça fait plus « aventure » qu'un voilier ayant mis plusieurs mois pour venir par exemple depuis la France mais équipé du fameux guide pour décider du meilleur mouillage...
Comme déjà dit plus avant, les mêmes discussions stériles existent en montagne: dans certaines régions, en Himalaya en particulier (mais pas seulement), point de salut hors expédition commerciale « tout compris » qui donnent l'impression de vouloir être les seules à gérer l' Aventure. Va-t'on définir un « degré d'aventure » selon que celui qui est arrivé en haut de l'Everest l'aura fait tout seul sans oxygène, ou avec un sherpa lui portant son barda et ses bonbonnes? C'est une question d'éthique personnelle. Il faut un sacré souffle dans les deux cas!
Ceci dit, ces « aventures » commerciales posent une autre question, que ce soit sur mer ou en montagne, deux domaines où existe (existait?) une vraie tradition de solidarité. L'argent modifie les comportements: « J'ai payé pour un but: vous devez me le faire atteindre. Peu importent les conditions, voire les autres... ». Mais ça, c'est un autre débat. Lisez le bouquin de Jon Krakauer: « Into thin air ». Il est éfifiant.
Un très petit nombre de voiliers passe le Cap Horn chaque année. Parmi eux, une majorité de charters basés sur place, et un encore plus petit nombre de voiliers ayant fait LE grand voyage.
Un grand nombre de personnes passe ce même cap mythique sur de gros bateaux de croisière. Y a-t'il pour autant de vrais ou de faux cap-horniers? Tous auront pourtant le sentiment d'avoir accompli quelque chose d'inoubliable. Même si certains prendront plus de risque que d'autres pour pouvoir pisser au vent...
Doit-on aussi se passer de cartes marines, de radio, de météo pour faire encore plus « aventure »?
Et quand on voit des émissions comme « Ushuaïa » ou « Koh Lanta » parler d'aventure, ne peut-on pas prendre un peu de recul?
Certains « aventuriers » ne seraient-ils pas plutôt frustrés de moins pouvoir parler d'exploit?
Louis Lachenal, un mec bien, a dit après l'expédition à l'Anapurna où il a gravi le premier 8000m: « La gloire ne devrait jamais être qu'une affaire privée. ».
Guide ou pas guide, en deux mois et 1400 milles dans ces fameux canaux, tous plus étonnants les uns que les autres, nous n'avons rencontré que deux ou trois autres voiliers en dehors des escales comme Puerto Williams ou Punta Arenas...
Et un nombre un peu plus grand de pêcheurs qui naviguent dans le coin depuis bien avant la parution du guide soit-disant maudit!
Et pour essayer de remettre certaines pendules à l'heure, est-on entrain de vouloir se comparer à Magellan? A Slocum? A Indiana Jones?
Le vrai accomplissement n'est il pas d'arriver à vivre une partie de ses rêves comme on le désire? Comme on le peut? Beaucoup ne passeront le Cap Horn qu'en lisant le récit des autres: et alors?
D'ailleurs, une rumeur persistante voudrait qu'il y ait même des frangins qui raconteraient leurs pseudo-exploits dans un blog, soit disant qu'ils seraient partis autour du monde, en passant par le bout de celui-ci, sur un voilier, et tout, et tout... A vérifier! Certainement encore des fanfarons!
Vous y croyez, vous?
Ça y est: je m'énerve et je débloque... Non mais qui suis-je à jouer les intellos de salon de thé, à prétendre poser LES questions absolument essentielles et fondamentales, dont tout le monde sait, depuis la parution de l'incontournable « Hitch-hiker's guide to the galaxy », que la réponse est 42? Alors que je n'arbore même pas de chemise blanche négligemment déboutonnée sur mon poitrail certes avantageux? Je vous le demande: mais où va-t'on!
D'autant que ce n'est vraiment pas le sujet de cet article...
Le chauffage
Investissement essentiel! Le soir dans le carré, sans lui, il n'y a que l'ambiance qui puisse éventuellement être chaude, et pas très longtemps! C'est le seul recours pour espérer faire sécher (un peu) son ciré avant d'avoir à le renfiler le lendemain matin à la fraîche!
Application à la navigation dans les canaux de Patagonie
Notre très petite expérience étant limitée à la navigation en été (en fin d'été en fait), cet exposé sur la navigations dans les canaux de Patagonie n'abordera que les aspects liés à cette saison.
Notre minuscule expérience se limite aussi aux canaux menant de Puerto Williams à Punta Arenas, autour de la Terre de Feu, puis de là vers Puerto Montt, avec quelques escapades latérales.
Cela se limitera à seulement environ 1400 milles dans ces canaux...
Les cartes
Premier constat: il y a deux classes de canaux.
Ceux qui servent à la marine marchande, qui sont bien balisés et relativement bien décrits sur les cartes, du moins pour les parties à plus gros trafic. C'est le cas en particulier pour le Canal de Magellan, le Canal de Beagle, les environs de Chiloe, et les canaux de liaison (comme Smyth, Wide, …).
Et les autres: les informations sont alors en général très limitées, voire approximatives. Pas ou peu d'information sur les profondeurs, forme des côtes ne reflétant la réalité que de très loin, et surtout calages GPS surprenants: il nous est arrivé de nombreuses fois de voir notre trace sur la partie terrestre des cartes! De jour, on corrige sans trop de mal: le faire par une nuit noire serait un peu suicidaire!
Les cartes papier (chiliennes) et Navionics sont les moins pires, les CM93 étant souvent hors-jeu: dans tout les cas, une vigilance sans défaillance est nécessaire! Surtout lors de remontée de petits fjords pour chercher un mouillage: l'approche se fait à vue, et au sondeur.
Et rappelez-vous: on est dans la zone B pour ce qui est du marquage latéral. Donc vert à bâbord et rouge à tribord en venant de la mer, et dans les canaux, au Chili, dans les sens Sud vers Nord (Nord vers Sud en Argentine) et Ouest vers Est (sauf dans Magellan et Cockburn).
Mais les formes sont les mêmes que dans la zone A: cylindre à bâbord et cône à tribord.
Le vent et les marées
Que ce soit côté Atlantique ou côté Pacifique, on subit un régime de marées dites « semi-diurnes à inégalité diurne »: les amplitudes ne sont pas très fortes (moins de 2m en général, sauf en remontant vers Puerto Montt), mais varient au cours de la journée.
Rien à voir avec ce qu'on rencontre en Bretagne, où la navigation côtière est plus compliquée!
Les marées induisent évidemment un courant dans les canaux, plus ou moins fort selon la largeur et l'orientation.
Ce courant est fortement lié aussi à la force et la direction du vent. Dans les canaux orientés N-S, bien souvent le courant va vers le Sud à cause des vents dominants de secteur N, quelle que soit l'heure de la marée. Et donc, pour nous qui remontons vers le Nord, c'est avoir à la fois le courant et le vent dans le nez...
Lorsque le vent est fort, et s'oppose au courant, le plus sage est de rester au mouillage: une mer dure se forme très vite, avec des vagues courtes mais très « raides », souvent de plus de 2m (voire beaucoup plus), cassantes pour le bateau aussi bien que l'équipage.
Et il vaut souvent mieux franchir un passage avec le vent et le courant dans le nez, qu'avec le courant mais le vent dans le nez (ou l'inverse)... L'idéal, rarement disponible, étant bien sûr d'aller avec le courant et le vent.
Les vents dominants viennent de l'Ouest, en général NW ou SW. Et le vent s'oriente dans la direction des canaux avec plus ou moins d'accélération en fonction de la largeur, de la forme du canal. C'est pourquoi nous avons eu souvent le vent dans le nez en remontant vers Puerto Montt.
Les vents de secteur Est sont très rares, mais le vent de SE est redouté car violent.
Lors du passage de dépressions, c'est à dire souvent, lorsque le relief est élevé (c'est à dire souvent aussi), le vent peut passer brutalement de 25-30 nds à 50 nds pendant une courte période, couchant littéralement le bateau: ce sont les fameux williwaws, rafales de vent catabatique lié à la topologie (altitude et température, souvent avec inversion).
Les williwaws sont particulièrement à craindre aux mouillages. Et ils arrivent sans prévenir...
Les glaçons
Dans certains passages, on rencontre les growlers de funeste réputation... Ce sont les blocs de glace qui se sont détachés des différents glaciers qui arrivent jusqu'à l'eau au fond de certains fjords. Ils se baladent au gré des marées et des vents: un passage sans growlers un jour peut en être couvert le jour suivant...
Beaucoup sont très petits et représentent peu de risque pour une coque, même en plastique. Mais certains sont beaucoup plus massifs, avec des bords très agressifs, prêts à refaire le coup du Titanic aux voiliers trop confiants...
Les navigations de nuit dans ces coins sont plutôt risquées, et de jour, il est impératif d'y aller doucement, avec une vigie à l'avant!
Les mouillages
L'excellent et controversé guide des mouillages de Giorgio liste un grand nombre de ceux-ci. Pour les « vrais » aventuriers, rassurez-vous: le guide et loin d'être exhaustif, et un grand nombre reste à découvrir. Mais hors de question de rouvrir le débat!
Dans les canaux de Patagonie, deux critères principaux guident le choix d'un mouillage: être abrité des vents dominants, et avoir un fond raisonnable pour les longueurs de chaîne disponibles sur les voiliers. On essaie de mouiller l'ancre entre 6 et 15 m en général, ce qui permet normalement une bonne accroche avec une chaîne de 50-60m (sans câblot), en mouillant 4 à 5 fois la hauteur d'eau en longueur de chaîne, pourvu que la nature du fond soit adéquate.
Les mouillages se font la plupart du temps dans des caletas, petites (voire très petites) criques ou calanques, souvent au fond d'un fjord, lui-même petit ou grand. Ces caletas sont généralement à l'embouchure d'un cours d'eau, tari ou non, mais qui assure un fond plus ou moins vaseux, garantie d'une bonne accroche pour l'ancre.
Pour assurer une bonne protection contre les vents dominants, les caletas ou les fjords dans lesquels elles se trouvent seront orientés vers le Sud-Est, les vents de ce secteur étant rares (mais violents!). Il existe de nombreuses caletas globalement orientées Ouest: elles répondent souvent au doux nom de « Caleta Inutil », qui veut bien dire ce qu'il veut dire...
Les caletas sont souvent très étroites, gage de bonne protection contre les vents, mais interdisant de tourner autour de l'ancre: des lignes à terre sont impératives dans la majorité des cas, au moins 2 lignes à l'arrière, de quelques dizaine de mètres, mais parfois jusqu'à 4 lignes en ajoutant 2 lignes à l'avant. La végétation fait qu'on trouve toujours un tronc pour amarrer les lignes, parfois sans descendre de l'annexe.
La technique que nous utilisions fréquemment était de mettre l'annexe à l'eau avant de mouiller l'ancre, et d'avancer vers la terre avec une première amarre se dévidant du sac à amarre pendant la manœuvre de mouillage de l'ancre en marche arrière. L'avantage étant de sécuriser le bateau très vite: un williwaw ne prévient pas avant de vous tomber dessus!
Nous avions une amarre de 100m et une de 60m, rangées dans des sacs accrochés au balcon AR pour les dévider rapidement, plus nos quatre amarres « standard » de quai, de 20m chacune: nous avons toujours pu nous amarrer sans problème.
Et évidemment, il faut une annexe prête à être utilisée! La notre était à poste sur le pont, à l'avant du bateau.
Et au moment de sortir l'ancre, il est bon d'avoir sous la main une machette pour couper les goémons (kelp) qui n'auront pas manqué de s'accrocher à la chaîne et à l'ancre!
Les communications
Comme dit plus haut, certains canaux ou fjords sont très étroits, avec des falaises assez hautes. Du coup, pour peu que le temps soit bouché, ce qui est loin d'être rare, des « ratés » sont à attendre avec l'Iridium, mais aussi avec le GPS à de plus rares occasions.
Pour l'Iridium, il faut vérifier que la réception est bonne et limiter la taille des gribs avant de lancer la connexion: il nous est arrivé plusieurs fois de nous y reprendre à 2 ou 3 fois avant d'arriver au bout du téléchargement, la connexion se perdant. Et Iridium ne fait pas de cadeau quant aux unités consommées pour rien...
Sinon, l'Iridium peut être utilisé comme un téléphone GSM (en nettement moins bien): les SMS sont bien pratiques, soit pour communiquer avec les proches (donner sa position), soit pour recevoir un bulletin météo lorsque la connexion « données » est déficiente.
La VHF est utilisée très régulièrement: les canaux sont sous le contrôle de l'Armada Chilienne, qui a des postes de présence assez régulièrement répartis, au moins le long des canaux principaux. Il y a tout de même de nombreuses zones où la VHF est muette... L'Armada, ou les Alcamar (Alcadilla Maritima), demande que la position du bateau soit communiquée tous les jours sur le canal 16: ce suivi n'est pas très coûteux en temps ni en énergie, et permet d'être bien accueilli par les autorités. Certains postes diffusent à heure fixe un bulletin météo (souvent lu à toute vitesse!), mais acceptent de bon cœur de le répéter.
Le GSM ne fonctionne qu'en de rares endroits: Puerto Williams, Ushuaïa, Puerto Eden, Caleta Tortel, …
L'Internet est accessible en général aux mêmes endroits, public et gratuit, mais la bande passante n'est jamais garantie...
Le froid et l'humidité
Il fait froid: on ne vous l'avait pas dit? Rappelez-vous, nous ne sommes pas sous les tropiques, mais largement en-dessous... Les vents du Nord sont froids. Mais les vents du Sud vous transpercent!
Et il pleut régulièrement, quand il ne neige pas. Eh oui, même en été, Madame. Et je ne parle même pas des glaçons qui flottent sur l'eau.
Du coup au bout de deux jours, tout est mouillé à l'intérieur: les cirés et autre vêtements ne sèchent pas. Et la buée condense sur tous les hublots, sous les matelas, etc. Bref: ça dégouline.
Nous avons un petit Webasto (de nouveau: pub gratuite!): il ne prend pas de place sous le coffre AR, consomme très peu (autour de 1/2l par heure) et augmente le confort à bord de façon appréciable! Et la consommation électrique due à la ventilation forcée est largement compensée par la bonne marche des panneaux et de l'éolienne.
La nourriture
Eh oui, il faut bien en parler!
Il est difficile de trouver du frais, légumes et fruits, même à Puerto Williams, et encore moins à Puerto Eden ou Caleta Tortel. Tout arrive par bateau, au mieux une fois par semaine, en petites quantités. Patates, œufs et oignons échappent un peu aux restrictions.
On consomme donc beaucoup de riz et de pâtes. Comme il ne fait pas très chaud, c'est bon d'avoir des soupes. Sinon, pour avoir notre ration de protéines, nous avons des œufs, des saucisses à cuire qu'on trouve assez facilement et qui se conservent bien.
On trouve en général du pain, assez compact mais tenant très bien dans le temps: rien à voir avec la baguette croustillante, mais passés au four ça passe très bien!
Il ne faut pas trop compter sur la pêche. Dans les canaux, les hameçons ramassent surtout du goémon... Et si les moules vous tentent (il y en a plein sur les rochers au bord de l'eau, énormes!), et bien retenez-vous: il y a de fortes chances qu'elles soient contaminées par la « marée rouge », micro-organismes dangereux pour l'homme...
Il vaut mieux, quand on le peut, négocier avec les pêcheurs des centollas ou des noix de pétoncles: ça améliore bien l'ordinaire.
Plus au Nord, il y a bien les fermes à saumons, mais apparemment des consignes ont été données pour ne pas vendre de poisson aux navigateurs de passage...
Côté eau, nous avons deux réservoirs de 250l, complétés par des bidons de 6 à 8l d'eau minérale utilisée uniquement pour boire: nous avions compté 1,5 l par jour et par personne, ce que nous n'avons jamais bu. Mais c'est important de se rincer les rognons! Avec un minimum de discipline, les 500 l d'eau durent facilement trois semaines, avec quatre personnes à bord. Evidemment, pas de douches tous les jours!
E le dessalinisateur n'a jamais été mis à contribution.
Le grand silence qui s'est abattu sur ce blog n'a rien à voir avec une quelconque procrastination rampante dont aurait pu être atteinte l'équipe d'édition de ce ramassis de banalités. D'ailleurs, pour éviter d'être accusée de ce mal pernicieux à l'avenir, l'équipe a décidé une fois pour toute d'arrêter de procrastiner dès demain!
Ce n'est pas faute d'avoir essayé: à Caleta Tortel non plus l'Internet n'a tenu ses promesses..
En fait c'était reculer pour mieux sauter: au lieu d'une mise à jour minable, c'est à une anamnèse balèze que vous avez droit, petits veinards!
Non seulement cet article, mais tous les précédents qui attendaient la connexion libératoire. Là c'est sûr: l'INSEE ne pourra pas faire autrement que de constater avec effroi une baisse de la productivité générale dans les pays de langue française (même rudimentaire, comme pour ce blog), parmi les citoyens avides d'élévation culturelle de qualité.
Mais reprenons ensembles le fil du récit, si vous le voulez bien.
Au risque de me répéter, le tarif est identique même si vous ne le voulez pas...
On n'est pas encore rendu à Puerto Montt...
Et on reprend où on vous avait laissé la dernière fois...
Samedi 5 Avril: La pause ensoleillée de Caleta Tortel étant terminée, nous reprenons notre périple...
Nous avons appris hier que suite au tremblement de terre à Iquique dans le Nord du pays, une alerte au tsunami avait été déclenchée sur toute la côte du Chili, jusqu'à Puerto Williams! Nous comprenons mieux la signification de tous les panneaux montrant les chemins d'évacuation...
La météo est toujours bonne, et la fenêtre se maintient pour traverser le Golfo de Penas. La journée est magnifique aujourd'hui, mais le temps doit changer Lundi 7: on ne s'arrêtera donc pas en route afin de traverser le golfe dans la foulée.
Et en fin d'une journée magnifique, mais sans trop de vent, nous nous présentons à l'entrée du Golfo de Penas. Petit moment d'émotion: nous sommes sortis du système de canaux du Sud, et de la Terre de Feu, où nous venons de passer un mois et demi, avec passage du Cap Horn, du Détroit de Le Maire, et remontées des canaux de Beagle et Magellan pour ne citer que les plus connus.
Et une heure plus tard, nous passons près d'un groupe de baleines.
Encore deux heures, et c'est le premier coucher de soleil sur le Pacifique pour Kousk Eol!
Dimanche 6, 3h du matin: le Golfo de Penas est traversé. C'est notre première navigation de nuit depuis longtemps, et la première dans le Pacifique. Reste à rejoindre la baie Anna Pink pour entrer dans le système des canaux du Nord.
Baie que nous rejoignons dans la soirée, pour mouiller dans la Caleta Giuanin où une ferme à saumons s'est installée...Tant pis: il est trop tard pour aller plus loin. Mais le coin est quand même sympa. C'est sans doute que nous retrouvons la civilisation!
Et Lundi, petite journée de récupération, surtout que le beau temps nous a lâché! 12 milles et mouillage dans la petite Caleta Saudade, où nous trouvons des méduses de belle taille! Enfin une bonne excuse pour ne pas se baigner... Quoiqu'André y soit allé pour pêcher des oursins! Que Nico s'empresse de préparer. Et chose curieuse, du moins pour des amateurs comme nous, chaque oursin semble héberger un crabe parasite de 4 à 5 cm, à la carapace molle!
Durant la nuit, un vison vient même visiter le bateau à la nage...
Et en repartant sur le Canal Puluche, dans moins de 30m d'eau, des baleines: l'eau grouille de petites écrevisses rouges! Les fermes à saumons aux alentours ne sont sans doute pas étrangères à ce phénomène: la nourriture de ces fermes ne va certainement pas uniquement aux saumons...
Les experts du bord prétendent que ce sont les rorquals de Rudolfi.
Le soir, nous nous arrêtons dans la Caleta Jacqueline, mais, oh scandale! Un catamaran s'est autorisé à mouiller dans la même caleta avant nous... Heureusement pour lui, il y a largement de la place pour deux bateaux. Et finalement nous invitons le skipper, Dave, seul à bord, à venir manger avec nous: malgré qu'il ne parle qu'anglais, c'est bien de voir une autre tête!
Et le lendemain matin, oh rythmes infernaux! , nous reprenons notre route. Et devinez quoi? Il pleut et on a un petit zéphyr entre 20-30 nds dans le nez! Il y avait longtemps! Et les cirés avaient bien eu le temps de sécher... Nous remontons le Canal Errazuriz, bordé de fermes à saumons, et de nouveau nous apercevons des rorquals de Rudolfi, attirés par les bestioles qui viennent se nourrir des déchets des fermes...
Mouillage dans l'Estero Atracadero, pas loin d'une autre ferme à saumons, puis re-départ au matin, de nouveau sous une petite pluie et un vent de 15-20 nds obligeant à tirer des bords.
Jeudi 10 Avril: navigation un peu pénible, toujours le vent dans le nez, et avec la pluie et une mer hachée... Du coup, petite étape aujourd'hui, et arrêt au mouillage de Puerto Americano.
Puis ce sera la traversée du Golfo Corcovado, le dernier avant d'atteindre Chiloe. Et, on ne pouvait pas la rater celle-la, mouillage dans la Bahia Tictoc: comme quoi, tout toqué qu'on soit, notre tactique n'était pas si toc, avec la coque de Kousk dans la crique de la côte pour troquer la trinquette contre le couteau et croquer coûte que coûte la quiche toute cuite, pas crue, à la croûte craquante de notre accort cuistot sans toque, en trinquant le cru du coin, qui l'eut cru? Ça craint: pauvre Bobby...
Note de la rédaction: il semblerait que ce genre de délire soit malheureusement l'un des symptômes liés à une absorption massive de moules contaminées par la « marée rouge » par un esprit naguère brillant, mais ayant largement dépassé la date limite. Un compte a été ouvert dans une banque des Iles Caïman dans le but de récolter vos dons et permettre ainsi une prise en charge du malheureux, afin de le mettre hors d'état de nuire. Le numéro du compte est disponible sur demande. Au cas fort improbable où une inimaginable pingrerie ferait que ce compte restât désespérément à zéro, la rédaction n'aurait alors aucun autre moyen pour espérer empêcher la continuation de ce blog: c'est à vous de voir...
Bon, avant tout ça, comme d'hab, il y a eu les dauphins, les albatros, les baleines, les manchots, … Le tout sur fond de sommets enneigés. La routine, quoi.
En fait de Bahia Tictoc, c'est le tic-tac de la tocante qu'on surveille: la météo, oh surprise, nous a encore réservé un de ces coups de chien dont elle a le secret, nous bloquant sur place à attendre le fameux créneau... Peut-être en fin de journée, ce qui imposerait une navigation de nuit pour pouvoir traverser sur Chiloe dans de bonnes conditions.
Et effectivement, on lève l'ancre sur le coup des 19h30, avant la nuit pour voir les nombreux cailloux qui entourent le mouillage. Temps maussade: brouillard humide et froid, peu de vent... Donc la totale: botte-bonnet-salopette-veste de ciré-goutte sur le bout du nez pour affronter une nuit noire malgré la pleine lune. Et le lendemain matin, nous touchons les côtes de Chiloe... Avec un moteur qui a des sautes d'humeur, le régime passant de 1800 à 1000 tours/minute, voire moins, pour ensuite reprendre, et recommencer quelques minutes après... Ça rappelle furieusement le retour de l'île d'Elbe il y a deux ans, alimentation du moteur complètement bouchée.
Ça y est, me re-voila! Le moteur, c'était bien les filtres à gas-oil. Toute bouchée, l'alimentation! Mais que on s'y fait pas prendre une deuxième fois et qu'on te répare le bousin en moins de deux! Et en attendant, on est à ½ mille de la côte orientale de Chiloe... Avec tout plein de belles maisons et petites fermes sur des prés bien verts. On dirait les bords du Léman. En mieux, bien sûr!
Pour arriver à Castro, capitale de Chiloe, il faut enfiler un canal très sinueux entre de jolies petites îles, toutes habitées, et l’île principale.
Nous mouillons sur ancre sous l'église en bois.
Et il restera encore un petit bout de chemin pour arriver à Puerto Montt, après le Golfo de Ancud, au fond du Seno Reloncavi. soit une petite 100e de milles.
1er Avril: non ce n'est pas une blague... Et ce n'est pas à cause de ça que vous avez évité une mise à jour de ce blog. L'internet à Puerto Eden, ce n'est pas tout à fait ça. Remerciez le technicien chargé de son fonctionnement: c'est grâce à lui que vous avez pu vaquer à des occupations autrement plus gratifiantes ces dernières semaines, pour une fois.
Donc, après avoir passé la journée du 31 Mars à faire les boutiques de Puerto Eden le long de la rue piétonne, et les pleins de gas-oil et d'eau, voire de nos estomacs dans une sorte de pension de famille faisant office du seul restaurant de la cité (excellentes empanadas!), nous partons Mardi 1er Avril vers 9h30 sous un temps plutôt clément, avec même un peu de soleil.
Le challenge de la journée est le franchissement du Détroit des Anglais: ça fait un moment que ces derniers emmerdent les marins français, déjà avant Trafalgar et ça continue malgré l'Entente Cordiale... Sachant que le détroit en question sépare deux canaux, un au Sud par où nous sommes arrivés et un au Nord par où nous comptons bien poursuivre notre périple, ces deux canaux donnant tous les deux directement sur le Pacifique, dans quel sens allons nous prendre le courant dû à la marée? Hein?
Après une longue discussion et l'élaboration de théories toutes plus sophistiquées les unes que les autres, nous arrivons à trois avis différents, Sarah ayant sagement décidé d'aller fumer une clope dehors...
Pour lever l'incertitude, Nico appelle l'Armada sur la VHF. Ces gens sont adorables et prêts à tout pour aider le pauvre marin étranger perdu dans les méandres de leurs canaux: « Depiende. A veces en un sentido, otras veces en el otro. Tienen que ir a ver ustedes... ». C'est bien ce que nous nous disions. Putain d'Anglais!
D'ailleurs ça frise la provocation, sachant que ce détroit se trouve sur le Canal Messier, du nom de l'astronome français (j'insiste!) du début du 18e siècle donné au canal par un marin espagnol. Messier est célèbre pour ses « objets » célestes. Fin de la minute culturelle gratuite.
Finalement, nous aurons jusqu'à 4 nds dans le nez, heureusement pendant peu de temps, avec l'impression de remonter le cours d'une rivière. Qu'est-ce que je vous disais?
Journée tranquille, alternant moteur et Code D, et après 50 milles, récompense dans la Caleta Point Lay: apéro en terrasse! La température devient définitivement plus moins sévère (on passera peut être même à « clémente » un de ces quatre). Et un pêcheur vient même se mettre à couple: ce soir nous ne serons pas seuls.
Les gribs sont bons pour les 5 prochains jours: nous allons essayer d'en profiter! Déjà, nous ne sommes plus obligés de nous harnacher de nos cirés: un gros progrès.
Le prochain gros morceau sera la traversée du Golfe des Peines, à mettre dans la catégorie du Détroit de Le Maire. Le programme se fera en fonction des conditions pour le traverser, sachant qu'une fois qu'on est engagé, il faut aller jusqu'au bout: pas de mouillage au milieu...
Mais nous n'en sommes pas encore là.
Encore une journée mixte voile-moteur: au delà de 9 nds vent arrière génois tangonné, puis moteur quand le vent tombe. Et nous arrivons à Puerto Cueri Cueri (non, je ne radote pas!), mouillage très tranquille au fond d'un petit fjord.
Le plan pour les prochains jours:
- escale à la Caleta Tortel, à l'embouchure du Rio Baker, un des plus puissants fleuves du Chili. Carrément la mégalopole du coin, Caleta Tortel abrite au moins 500 habitants...
- puis retour vers l'Ouest et passage du Golfo de Penas pour rejoindre le système de canaux plus au Nord. Le Golfo de Penas est largement ouvert sur le Pacifique, et est le passage obligé entre le Sud et le Nord: terreur des marins lors des coups de vents de Sud-Ouest lorsqu'une dépression passe dans le coin, ce qui arrive très régulièrement. D'où l'importance de préparer cette traversée: une soixantaine de milles pour le golfe lui-même, puis environ la même distance pour rejoindre les canaux du Nord.
La météo nous donne une bonne fenêtre pour les quatre prochains jours: ça devrait le faire!
Jeudi 3 Avril - Pour l'instant, on arrive à la Caleta Tortel avec un temps magnifique et après une navigation des plus tranquilles: pas de vent et mer d'huile. Merci Volvo!
La Caleta Tortel c'est autre chose que Puerto Eden: au moins 500 habitants et une piste avec service de bus régulier vers l'arrière-pays. Il faut dire que c'était un port pour le transport du mouton élevé dans l'intérieur des terres, et l’exploitation du cyprès flotté sur le fleuve. L'activité a sérieusement baissé depuis... Mais toujours pas de rue entre les maisons: juste des passerelles en bois (de cyprès), comme à Puerto Eden.
Le village, ses artères, sa boutique, son église gothique et le mouillage
Nous devons reprendre notre route le 5 Avril, après une autre journée de repos, à Caleta Tortel, et un complément de courses que nous n'avions pu faire à Puerto Eden.
Le but de cet article à très haute portée culturelle est d'offrir quelques éclaircissements de nature explicative concernant certaines coutumes de la marine à voile, afin de permettre au non-marin d'en apprécier la valeur sans pour autant chercher aucunement, bien évidemment, à les démystifier voire démythifier,.
La tradition voudrait, entre autre, que, dès le Cap Horn franchi , le marin (si vous le voulez bien, je souhaiterais éviter de parler de Marine ici) le marin donc, nouvellement adoubé portât un anneau en or à l'oreille gauche et pissât face au vent.
Nous ne ferons pas de commentaires sur la première de ces traditions, nos épouses nous ayant fait comprendre sans aucune ambiguïté que la joie de retrouvailles lors d'un éventuel retour au foyer serait irrévocablement et irrémédiablement gâchée par un respect trop strict de cette coutume...
Quant à la deuxième de ces traditions, parlons en ! Et pour ne pas choquer les personnes sensibles, nous demanderons instamment aux enfants qui liraient ces lignes de bien vouloir prendre leurs parents par la main et les ramener regarder le tirage du loto devant la télé, d'où ils n’auraient jamais dû bouger.
Tout d'abord une observation liminaire1 : lorsque l'on navigue sous les latitudes du Cap Horn, autour de 60°S, ça caille comme dirait l'albatros. Et donc le marin averti se couvre : en plus du slip réglementaire, il aura enfilé un collant un peu épais, puis un pantalon, et par dessus le tout, le bas de son ciré, tenu comme il se doit par des bretelles et remontant largement au niveau des aisselles. Et bien sur, une veste de ciré par dessus tout, pour faire bonne mesure.
Et maintenant, analysons deux situations type, subséquentes à une envie d'uriner plus ou moins pressante (en général, sur un voilier, on a tendance à reculer le moment de se soulager, soit parce qu'on est pris dans une série de manœuvres, soit parce que justement il fait froid et qu'il y a des vagues et du vent : le « plus ou moins » dans ce cas est donc à prendre comme une figure de style ne laissant subsister aucun doute quant au caractère urgent de cette pression physiologique) :
Situation N° 1
Il fait 3°C, le vent souffle à 35nds et on est au près dans 3m de creux. Il y a longtemps que ce ne sont plus des embruns qu'on reçoit à la figure. Le candidat à la vidange biologique essaie de se caler tant bien que mal pour libérer ses deux mains : essayez de défaire la fermeture éclair d'un bas de ciré qui se respecte d'une seule main, vous ! Au bout de 4 minutes 50, la fermeture est en général descendue . Ne restent plus que les bretelles : 2 minutes de plus.
Rappelez-vous que ça urge !
Et nous arrivons enfin à la situation la plus intéressante : pour atteindre la braguette du pantalon, il faut baisser le bas de ciré aux genoux. Et là, bonjour l'équilibre! Au bas mot, encore 5 à 6 minutes d'angoisse jusqu'à la stabilisation salvatrice. La sus-mentionnée braguette est enfin ouverte. On se dit : « Cette fois, ça y est ! Le Graal est proche ! ». Que nenni ! Et la braguette du collant ? Hein ? Vous en faites quoi de la braguette du collant ? La logique voudrait qu'elle se trouvât en face de la braguette du pantalon. Mais ce n'est pas avec de la logique qu'on coud les collants : leur braguette n'est JAMAIS en face de celle du pantalon. Des fois, ils n'ont même pas de braguette, mais ce cas est trop désespéré pour être abordé devant un lectorat impressionnable.
Il faut donc farfouiller à l'aveuglette, avec des doigts de plus en plus gourds à cause du froid glacial qui en a profité pour se faufiler sournoisement jusque dans l'entre-jambe du malheureux.
Mais enfin ce dernier arrive à aligner les deux braguettes, à écarter tant bien que mal le slip, au bout d'un certain nombre de minutes supplémentaires. Ben cette fois c'est bon, me direz vous. Sauf que, avez vous déjà constaté l'effet du froid sur une zigounette standard ? Même un nouveau né ne voudrait pas d'un aussi petit machin tout ratatiné, recroquevillé, microscopisé (Ah, je les entends d'ici les ricanements comme quoi il y en aurait de plus prédisposés que d'autres...) . Et pour l’attraper, re-bonjour !
Tout ça pour dire qu'une fois qu'on est au bout de toutes ces opérations, c'est en général trop tard et on s'en est foutu partout...
Situation n°2 :
Imaginons un équipier un peu plus prévoyant et un peu plus dégourdi que celui dont nous avons parlé ci-dessus : il doit bien en exister.
Il aura tout préparé bien comme il faut : braguettes alignées, zigounette en position opératoire, tranquille sous le vent, malgré la violence de ce dernier, bien calé dans le portique pour permettre aux sphincters de se relâcher sans arrière pensée. L'opération de vidange salvatrice débute donc, quand, au même moment, ordre urgent du skipper : « On vire ! Fissa ! ». Les ordres du skipper ne sont pas discutables. Les ordres urgents encore moins.
Entre nous, je m'étonne d'ailleurs qu'une thèse n'ai jamais été écrite expliquant la simultanéité quasi parfaite et systématique entre ces deux événements, découlant probablement d'une dérive marine de la loi de Murphy.
Et notre malheureux de se retrouver face au vent (rappelez vous : le traître est violent sous ces latitudes) avant d'avoir pu faire quoique ce soit, Cap Horn passé ou pas...
Bref, au bout du compte, le résultat final est largement comparable à celui de la situation n°1.
Le cas des équipières ne sera pas traité ici : les Cap-Horniers sont rien que des machos, c'est bien connu, et leurs coutumes ne s'appliquent qu'aux mecs , ceux qui en ont bien sûr.
Entre nous, ça m'arrange : je me voyais assez mal expliquer le truc de pisser contre le vent pour le sexe dit faible (Tiens, au fait : sexe faible, encore un sacré oxymore dans ce contexte, et une légende à laquelle il serait largement temps de tordre le cou!).
Quand aux anneaux dorés à l'oreille, elles en portent déjà...
« Donc », ne manquerez vous pas de nous faire fielleusement remarquer, « ça sert à quoi, je vous le demande, de passer le Cap Horn ? Juste pour comprendre. »
Bonne question. Sans doute pour les même raisons vaseuses que d'avoir envie d'aller dans la baie de Rio, dans le détroit de Le Maire, à Chiloe, dans le Raz de Sein, devant l'Escampobarriou, ou même plus terrestre, à Tombouctou, à Zanzibar, en Himalaya, à Lalibela, à Samarkande, etc. Certains lieux s'y entendent pour exercer une fascination à laquelle parfois on ne résiste pas.
Ou alors, juste pour avoir quelque chose à raconter dans ce blog. C'est tout. Et vous, vous n'avez rien d'autre à faire ?
1Oui, je sais : « liminaire » précédé de « tout d'abord », ça fait un peu comme « pléonasme tautologique et redondant ». Mais permettez-moi deux remarques : je n'ai jamais prétendu faire dans le léger, et puis il m'a semblé nécessaire, à l'occasion, d'être un peu insistant pour éviter les malentendus chez certains lecteurs dont l'attention pourrait laisser à désirer.
Vous êtes sur le blog de Kousk Eol, Centurion 45S de chez Wauquiez, le bateau d'André et Claude.
Ce blog rassemble les expériences, souvenirs, ... lors de croisières ou régates à bord de Kousk Eol. Il permettra de suivre le grand voyage, pour justifier le titre...
A propos de Kousk Eol, avant que vous ne posiez la question: "Kousk Eol" était le nom de la maison de nos grand-parents, sur le port de Ploumanac'h, et signifie
"Soleil Couchant" en Breton.
Certains esprits chagrins argumenteront que soleil s'écrit maintenant heol et non eol: et alors? Le nom de la maison était Kousk Eol, un point c'est tout... Et ce
blog n'a aucune vocation à faciliter l'apprentissage du Breton aux esprits chagrins.
Et puis Eole, c'est le maitre du vent, non? Et il en faut du vent pour aller vers le soleil couchant...
Plus généralement, le style de ce blog sera ce qu'il sera: le "politiquement correct" (bel exemple d'oxymore) n'est pas une priorité! Ni forcément le respect du carcan académique de notre belle langue...