Nous quittons sans regret Angra : temps pourri et marina pratiquant des tarifs de type extorsion. Il faut dire qu'elle n'a pas de concurrence... Nous nous étions arrêtés à la Marina Piratas, la seule ayant suffisamment de fond (c'est à dire tout juste plus de 2,5m) pour nous accueillir. C'est la première fois qu'on voit un port proposer un tarif horaire, sans ristourne : 7€/h ça donne de l'ordre de 160€ le lendemain ! Tout ça pour être en règle avec les autorités locales, charmantes au demeurant... La Marina Piratas porte bien son nom ! On vous la recommande chaudement !
Nous partons le 23 novembre au matin, après avoir refait le plein de gas-oil : petit vent pour traverser toute la baie d'Ilha Grande qui est grande effectivement! Mais malheureusement sous un ciel couvert...
Dès que nous atteignons la mer, les conditions changent : bon vent de 20 à 30 nœuds de NE, et malgré les ris et la trinquette, nous filons avec des pointes à plus de 9 nœuds ! Nous avons la surprise, le 24, d'être rattrapés par Poujoulat Solosailor, un des candidats de la Jacques Vabre, à 155 miles d'Itajai, l'arrivée...
Nous faisons deux jours de suite 180 milles en 24 heures : le bateau marche bien ! D'ailleurs, un albatros à bec jaune ne s'y est pas trompé, et plane autour de Kousk Eol pendant plusieurs heures, évidemment pour lui rendre hommage.
Une mise à jour météo, via l'Iridium, nous indique un coup de vent de sud pour le jeudi 28 : nous décidons de nous mettre à l'abri et de nous reposer la nuit du 27 à Rio Grande, dernier port du sud du Brésil, en attendant des conditions plus propices pour terminer cette partie du périple.
L'entrée du chenal du port de Rio Grande nous laissera quelques souvenirs... Orage dantesque tout d'abord, avec éclairs de tous les côtés et tonnerre qui va bien, accompagné d'un déluge style chutes d'Iguazu. Puis évidemment nous n'avons pas pu tenir notre timing et à l'entrée du chenal, la marée descend : courant de 3 nœuds dans le nez et le chenal fait 12 milles ! Cela nous donne le temps d'admirer les dauphins et les lions de mer, nombreux dans ces parages.
Et il faut arriver avant la nuit au mouillage : le chenal est étroit, encombré par les bateaux de pêcheurs n'ayant aucun scrupule à tirer leurs filets en travers dudit chenal ! Le chenal est dragué à une 12e de mètres, mais en dehors, la profondeur est souvent de moins de 2 mètres sur d'immenses étendues d'eau. Pourtant Rio Grande est un grand port de commerce.
Et la profondeur de nouveau limite... Nous arrivons finalement, au bout de plus de 2 heures à un ponton, avec le soleil qui commence à se cacher. Nous découvrons qu'il s'agit du ponton du musée océanographique, et c'est le directeur en personne qui vient nous accueillir !
Conditions pour pouvoir rester : lui donner un fanion breton, qu'il ne connaissait pas, et lui écrire ce que « voilier » nous inspire... Sacré bonhomme, qui a aussi monté une école pour sortir les jeunes brésiliens de la misère en leur apprenant les bases d'un métier « utile » !
Y a pas de raison : vous avez droit à l'exercice de style, en Anglais car le Français n'est pas trop pratiqué dans ces régions du globe...
« Sailboat » = « Serendipity »
A sailboat is ideal for unexpected encounters. Whatever is the degree of preparation for a journey, the plan will never go as intended...
This encounter is the perfect example. We were looking for a kind of refuge to wait for bad weather to pass and continue our trip. Instead, we found this incredible and improbable place in Rio Grande, directed by an incredible character doing great work preparing underprivileged youth to make a better life for themselves.... Serendipity !
Nous reprendrons la mer ce 28 en fin d'après-midi : fin du coup de vent et marée descendante. Prochaine étape : Buenos Aires à environ 400 milles.